5400. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

Potsdam, 1er avril 1752.

Les dépêches du département des affaires étrangères qui vous parviendront à la suite de celle-ci ayant rempli mes intentions sur ce qui regarde les nouvelles ordinaires, je vous y renvoie et veux bien vous faire part d'une autre qui m'a paru assez singulière; c'est que mes lettres de Vienne m'ont marqué que le baron de Koch, qui est chargé de la part de l'Impératrice-Reine d'assister aux conférences avec le sieur de Dewitz touchant les dettes de la Silésie, s'était déboutonné depuis quelques jours envers celui-ci de la sorte qu'après des assurances générales de ce que sa cour concourrait, à l'égard de l'affaire des dettes, à ce qui me ferait plaisir, pourvu que de ma part je voudrais aussi me prêter à ce qui en ferait à la sienne, il a ajouté qu'il y avait deux articles que sa cour y tenait fort à cœur, savoir, en premier lieu, mon amitié et mes liaisons sincères avec elle, qui, dans le fond, vaudraient au moins celles avec la France, et que le second article avait roulé pour avoir ma voix dans l'élection.

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Comme je me suis bien aperçu que tout cela n'a été qu'une insinuation maligne, pour pouvoir faire, de la réponse que j'y donnerais, quelque potpourri, afin de me brouiller avec la France ou de me rendre au moins suspect à elle, je n'ai fait que répondre en termes généraux que dans toutes choses justes et équitables je ferais volontiers ce que je pourrais pour la cour de Vienne, mais qu'aussi je ne pourrais point aller au delà de ce qui me paraissait exactement conforme à la justice et au bon droit.

Mon intention est que vous devez communiquer confidemment tout ceci à M. de Contest, après avoir pris sa parole qu'il vous ménagerait le secret. Vous lui ferez observer ensuite combien il était à voir clairement par là que l'intention de la cour de Vienne était toujours la même que ci-devant, savoir de séparer, s'il y avait moyen, la France avec moi et d'ailleurs de l'isoler de tous amis et alliés. Que quant à moi, la France n'avait rien à appréhender de ma part, mais qu'elle avait soigneusement à prendre ses précautions à l'égard de la cour de Madrid, puisque je craignais que celle-ci ne se bornât pas à un simple traité de neutralité d'Italie et qu'elle allât plus loin avec les cours de Londres et de Vienne.

Au reste, c'est assez tard que les ministres de France apprennent à connaître le baron de Bernstorff et sa mauvaise volonté envers la France, dont je l'ai avertie depuis tout temps.78-1 Faites remarquer à M. de Saint-Contest à cette occasion que les ministres de France sauraient reconnaître par là ceux qui étaient les véritables amis de la France et ceux qui ne l'étaient pas. Ils doivent convenir que je n'en ai rien manqué de ce que les lois de l'amitié la plus étroite demandent, et que je les avais toujours avertis d'avance de ce qui était arrivé de contraire aux intérêts de la France,78-2 comme du malin - vouloir du sieur de Bernstorff, des négociations à Madrid et des mesures prises pour faire consister l'élection d'un roi des Romains; enfin, que je n'avais rien à me reprocher à tous ces égards.

Federic.

Nach dem Concept.



78-1 Vergl. S. 50.

78-2 Vergl. Bd. VIII, 57S.