5608. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.

Potsdam, 29 septembre 1752.

Monsieur mon Cousin. C'est toujours avec un plaisir sensible que je reçois par vos mains les nouvelles que le Duc régnant, votre frère, veut bien me faire parvenir relativement à la cour de Danemark, et je ressens avec une reconnaissance parfaite les bonnes intentions qu'il témoigne pour un prompt accommodement entre moi et la susdite cour à l'égard de l'affaire de Bentinck. Je crois pourtant devoir vous informer, et j'espère que vous aurez la bonté de le faire également à M. le Duc, que ce n'est point de ma part que les obstacles à cet accommodement se sont origines. Depuis le commencement qu'on a travaillé à ajuster cette affaire, je l'avais mise entre les mains de la France, pour y agir en médiateur. L'on est convenu surtout par rapport à la trans<221>action que le Danemark a proposée, et bien que la comtesse de Bentinck y voudrait regimber, je lui ai fait déclarer tout naturellement qu'à moins qu'elle n'acceptât cette transaction, je ne saurais plus me mêler de ses affaires, de sorte qu'elle a paru y acquiescer alors. La seule difficulté qu'il restait à vider, était l'article de la garantie221-1 sur cette composition que je demandais de bon droit et par plus d'un titre; mais comme la cour de Danemark ne voulut du tout goûter cette proposition, au lieu de laquelle elle offrit caution bourgeoise à faire par quelques marchands à Hambourg, la France également que moi pensâmes qu'une telle caution bourgeoise serait autant contre la dignité de la cour de Danemark même qu'elle ne saurait point me convenir, ainsi donc que, pour faciliter encore de mon mieux cet accommodement, je fis proposer à la susdite cour une garantie à faire par le directoire du cercle de Westphalie, proposition sur laquelle encore cette cour n'a point voulu acquiescer, mais au sujet de laquelle je viens d'être informé par mon ministre à Copenhague que le baron de Bernstorff l'a fait parfaitement ignorer au grand-maréchal comte Moltke et au comte de Dehn, en sorte que ceux-ci sont persuadés que ledit ministre Bernstorff, par un motif de ses mauvaises intentions, n'en avait pas même fait rapport au roi de Danemark et qu'il l'avait rejetée de son propre chef, et qu'au moins le comte Dehn a assuré à mon dit ministre qu'il n'en a été jamais question dans le conseil depuis qu'il y était.

Au surplus, je prie Votre Altesse de vouloir bien assurer au Duc, Son frère, que je prêterai toute facilité de ma part pour finir cette affaire, autant que cela pourra convenir à ma dignité, et je laisse d'ailleurs à la considération du Duc s'il ne convient pas de faire usage de cette supercherie commise par le sieur de Bernstorff, pour convaincre Sa Majesté Danoise de l'infidélité et des mauvaises intentions de son ministre. Je suis avec des sentiments d'estime, Monsieur mon Cousin, etc.

Federic.

Nach dem Concept.



221-1 Vergl. Bd. VIII, 482.