5851. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 14 avril 1753.

Le rapport que vous m'avez fait du 4 de ce mois, m'a été heureusement rendu. Je continue396-2 d'être encore du sentiment que la mission du chevalier Williams n'a d'autre objet que celui que je vous ai marqué, savoir ces bruits sur une invasion dans le pays d'Hanovre qui ont alarmé extrêmement le roi d'Angleterre, et le concert à prendre avec la cour de Vienne pour assister le roi d'Angleterre au cas que cette invasion existerait. Voilà mes conjectures; j'espère qu'avec l'application que je vous connais, vous réussirez, à la fin, à pouvoir m'informer avec certitude si je m'y suis trompé ou non.

Je viens de voir des lettres d'Hanovre en date du 8 de ce mois qui confirment qu'on a effectivement transporté tout le trésor du roi d'Angleterre d'Hanovre à Stade et que, pour sauver les apparences et ne pas trop alarmer le public qui en a recommencé396-3 d'en prendre de fortes alarmes, on a débité que ce n'était par aucune appréhension que ce transport se fût fait, mais parceque les caveaux à Hanovre n'avaient plus laissé assez de place pour y encoffrer les sommes et qu'on avait bâti à ce sujet un autre assez spacieux à Stade, qui était d'ailleurs plus assuré contre des incendies que celui d'Hanovre n'avait été.

L'on ajoute dans ces lettres que depuis quelques jours il courait un bruit sourd à Hanovre que l'Impératrice-Reine se préparait actuellement à la guerre, qu'elle avait demandé l'assistance et l'appui de<397> l'Angleterre pour cette guerre qu'elle méditait, mais que le roi d'Angleterre avait constamment refusé de s'en vouloir mêler et qu'il n'y avait nulle apparence qu'il s'y laisserait entraîner. Quoique je ne compte point sur ces bruits, par le peu de vraisemblance qu'il y a qu'ils accusent juste, j'apprends cependant de différents lieux qu'on doit travailler en Bohême et la Moravie avec plus de chaleur qu'à l'ordinaire à recruter les régiments, à remonter la cavalerie, à distribuer les canons de campagne aux régiments d'infanterie, et à faire par-ci par-là des magasins en Moravie qu'à la vérité l'on ne remplissait pas encore, mais au sujet desquels l'on avait fait les dispositions de les avoir remplis en très peu de temps. Je serais donc bien aise que vous vous informiez sous main ce que c'est ces prétendus arrangements en Bohême et en Moravie et que vous observiez d'ailleurs si la cour fait venir à présent plus de généraux à Vienne qu'à l'ordinaire, s'il y a des conférences avec ceux-ci, ou s'il s'y tient des conseils de guerre, afin que vous puissiez m'avertir de ce que vous aurez remarqué à ces sujets.

Au reste, je veux bien vous dire, quoique sous le sceau du dernier secret, que je sais de bonne main que la cour de Vienne a refusé au comte de Puebla la permission qu'il avait demandée pour aller à Carlsbad, en lui marquant que sa présence était absolument nécessaire à Berlin, pour y veiller si on y ferait des arrangements pour entreprendre sur la Saxe ou sur l'Hanovre, circonstance que le susdit comte a confiée lui-même à un des ministres ses amis.

Federic.

Nach dem Concept.



396-2 Vergl. S. 391.

396-3 Vergl. S. 358.