<190>Qui sentit mieux que moi sa bénigne influence?
Dans mes jours fortunés ou dans ma décadence
Vous goûtiez mon bonheur, vous pleuriez mes revers.
Quoi! pourrais-je oublier cette amitié constante,
Sensible, secourable, et toujours agissante,
Qui me récompensait des maux que j'ai soufferts?
O vous, mon seul refuge! ô mon port, mon asile!
Votre voix étouffait ma douleur indocile,
Et, fort de vos vertus, je bravais l'univers.
A combien de dangers votre âme généreuse
S'exposa pour me secourir,
Moi, qui préférais de périr
A l'image trop douloureuse
Des maux que je craignais que vous pouviez souffrir!
Ah! fut-il jamais un modèle
D'une tendresse plus fidèle
Que celui que vous nous donnez?
Si la vertu rend immortelle,
Les autels vous sont destinés.
Qu'un cœur pétri de boue ou qu'une âme commune,
Sans sentiments et sans honneur,
Place le souverain bonheur
Dans ces frivoles biens, jouets de la fortune;
Qu'en lâche il se livre à l'erreur
De l'intérêt qui l'importune :
Mais qui possède votre cœur,
Espoir sur lequel je me fonde,
Le trouve au-dessus, tendre sœur,
De tous les trésors de ce monde.
Ah! si tous ces mortels d'un faux éclat surpris,
Qui par de vains désirs empoisonnent leur vie,