<257> sentiment, en comparant ce que je lis de nouveau avec les ouvrages de Racine, et ceux d'un certain grand homme qui illustre la Suisse par sa présence. Mais on peut être grand géomètre, grand métaphysicien, et grand politique comme l'était le cardinal de Richelieu, sans être grand poëte. La nature a distribué différemment ses dons; et il n'y a qu'à Ferney où l'on voit l'exemple de la réunion de tous les talents en la même personne.

Jouissez longtemps des biens que la nature, prodigue envers vous seul, a daigné vous donner, et continuez d'occuper ce trône du Parnasse qui, sans vous, demeurerait peut-être éternellement vacant. Ce sont les vœux que fait pour le Patriarche de Ferney le Philosophe de Sans-Souci.

459. AU MÊME.

Potsdam, 6 décembre 1772.

Sur la fin des beaux jours dont vous fîtes l'histoire,
Si brillants pour les arts, où tout tendait au grand,
Des Français un seul homme a soutenu la gloire.
Il sut embrasser tout; son génie agissant
A la fois remplaça Bossuet et Racine,
Et, maniant la lyre ainsi que le compas,
Il transmit les accords de la muse latine
Qui du fils de Vénus célébra les combats.
De l'immortel Newton il saisit le génie,
Fit connaître aux Français ce qu'est l'attraction;
Il terrassa l'erreur et la religion.
Ce grand homme lui seul vaut une académie.a


a Ces douze vers se trouvent déjà dans notre t. XIII, p. 107.