<411>On me mande qu'on a imprimé à Berlin une traduction fort bonne d'Ammien-Marcellin avec des notes instructives;a comme cet Ammien-Marcellin était contemporain du grand Julien, que nos misérables prêtres n'osent plus appeler apostat, souffrez, Sire, que je prenne une liberté avec celui auquel il n'a manqué, selon moi, pour être en tout supérieur à ce Julien, que de faire à peu près ce qu'il fit, et que je n'ose pas dire.

Cette liberté est de supplier V. M. d'ordonner qu'on m'envoie par les Michelet et Girard un exemplaire de cet ouvrage. Je vous demande très-humblement pardon de mon impudence; tout ce qui regarde ce Julien m'est précieux, mais vos bontés me le sont bien davantage.

Je me mets à vos pieds plus que jamais; je me flatte qu'ils ne sont plus enflés du tout.

537. A VOLTAIRE.b

(Potsdam) 10 janvier 1776.

Votre lettre m'est venue bien à propos. Les gazetiers nous avaient tous alarmés par les nouvelles qu'ils débitaient de votre maladie. Je suis charmé qu'ils aient menti sur ce sujet comme selon leur coutume. Le dernier accident qui vous est arrivé vous oblige à vous ménager dorénavant plus que par le passé. Je pense qu'il faudrait se contenter d'un repas par jour; dîner à midi, pour laisser à l'estomac


a Par Guillaume de Moulines (t. XX, p. XIV), le même qui, dans la traduction allemande des Œuvres posthumes de Frédéric, t. X, p. 140, est appelé le réviseur et l'éditeur de ces Œuvres posthumes. Voyez t. I, p. IX de notre édition.

b Œuvres posthumes, t. IX, p. 310-313.