<33>qui pourront amuser V. M. J'oubliais de lui dire que, n'ayant eu d'avis qu'à mon arrivée de Paris d'engager la figurante dont j'avais parlé à V. M., Don Philippe, qui l'avait déjà vue à Marseille, et qui l'avait trouvée jolie, ainsi que moi, lui fit proposer de s'engager pour seconde danseuse dans une troupe qu'il compte faire aller cet hiver dans la ville où il restera, et qu'il a fait venir à Nice en attendant. L'aimable danseuse eut cependant la fermeté de balancer entre le prince et le chambellan; elle me dit que, si j'étais assuré de la faire recevoir, elle partirait pour Berlin. Je n'avais point d'ordre; je craignais de faire perdre à cette fille une espèce de fortune; je n'osai rien prendre sur moi, elle partit pour Nice. Ah! Sire, pourquoi n'ai-je pas été assez heureux pour recevoir en Provence la lettre où M. Darget me disait de l'engager? J'ai perdu la consolation de mes vieux jours.

.......... Plus gente chérubine
Ne se vit onc;...............
Blancheur de lis et croupe de chanoine,a

Cependant, si V. M. souhaite voir cabrioler sur le théâtre de Berlin cette merveille de nos jours, elle m'a dit qu'elle y viendrait, si on l'engageait à Pâques, et qu'elle accompagnerait, dans le temps, Rousselois et sa femme.

J'aurai l'honneur d'écrire à V. M., par le premier courrier, sur l'affaire du peintre. Voltaire est à Fontainebleau, dont il reviendra mercredi; je souperai avec lui chez madame du Châtelet. Cela pourra me fournir quelque nouvelle littéraire pour envoyer à V. M. Je suis avec un profond respect, etc.


a Voyez la troisième épigramme de J.-B. Rousseau, commençant par les mots : « Certain abbé, » etc.