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8925. A LA PRINCESSE AMÉLIE ET A LA DUCHESSE CHARLOTTE DE BRUNSWICK A BERLIN. 1

[Au camp de Prague,] ii [mai 1757].

Mes chères Sœurs. J'ai reçu vos lettres dans la plus violente crise, ce qui m'a empêché de vous répondre plus tôt. Je vous écris à toutes les deux, n'ayant pas le temps de faire plus d'une lettre. Nous avons à présent ébauché ici l'ouvrage; il faudra encore quelques petits coups de cognée pour l'achever.

Mon frère Henri a fait des merveilles et s'est distingué au delà de ce que je puis en dire; mes deux autres frères n'ont pas du tout été dans la bataille, ils se sont trouvés dans l'armée du maréchal Keith.

Nous avons perdu le digne maréchal Schwerin et bien de braves officiers. J'ai perdu des amis que je regretterai toute ma vie.

Enfin, mes chères sœurs, si le bonheur nous favorise à présent, nous aurons gain de cause. Toute la généralité et, selon le dire des déserteurs, 60,000 hommes sont enfermés à Prague; j'entreprends de les réduire à se rendre prisonniers de guerre. C'est une terrible entreprise; il faut du bonheur pour y réussir.

Ma chère Lottine, duchesse de Brunswick, et vous, ma chère sœur l'abbesse, je vous embrasse toutes les deux de tout mon cœur. Voilà une lettre pour notre chère mère.2

Federic.

Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.


8926. AU PRINCE DE PRUSSE AU CAMP DE PRAGUE.3

[Au camp de Prague,] 11 [mai 1757].

Mon cher Frère. Je sens toutes les pertes que j'ai faites, je m'étourdis dans ce moment pour me les dissimuler à moi-même, et pour que ma sensibilité ne m'empêche point de faire mon devoir; je ne pense qu'à la patrie et aux moyens de subjuguer nos ennemis. Faites-moi, s'il vous plaît, les propositions pour l'avancement de votre régiment. Dans le moment présent, il faut détourner notre vue du passé et ne voir qu'en avant, réparer nos pertes et faire les dispositions pour procurer la perte de l'ennemi. Je me sacrifie pour l'État, je fais tous les efforts dont je suis capable, pour ne point sentir ce qui déchire mon cœur.

Dans toute cette bagarre, j'ai au moins la consolation d'apprendre aujourd'hui que notre chère mère se remet.4 Voilà, mon cher frère, le seul instant de contentement que j'aie eu, depuis que je vous ai



1 Die Herzogin von Braunschweig befand sich in Berlin zum Besuche der erkrankten Königin - Mutter.

2 Das Schreiben liegt nicht mehr vor.

3 Der Prinz datirt seine Schreiben an den König „au camp de Prague“ . Der Prinz befand sich bei dem Heerestheil des Feldmarschalls Keith auf dem linken Ufer der Moldau.

4 Vergl. S. 23 Anm. 2.