<375>au parti opposé et à agir offensivement en faveur de la reine de Hongrie.

En un mot, le danger presse tellement de tous côtés qu'il faut courir au remède sans perte de temps, et, dans la position présente des affaires, il n'y a que la France qui en puisse apporter, en prenant des résolutions de vigueur et en les exécutant avec célérité. Il est fâcheux, à la vérité, de fatiguer les troupes, dans une saison aussi rude que la présente, et de les priver du repos dont je conçois très bien qu'elles ont grand besoin pour se rétablir. Mais les miennes se trouvent dans le même cas, et, puisque les ennemis, malgré la rigueur de la saison, ne discontinuent point leurs opérations, on ne saurait s'empêcher de suivre leur exemple, sans causer un préjudice irréparable à ses affaires.

Dans une conjoncture aussi épineuse, rien n'aurait pu arriver plus à contre-temps que l'enlèvement du maréchal de Belle-Isle, incident qui dérange totalement le concert qu'il faudrait nécessairement prendre, et qui m'étonne d'autant plus que ledit maréchal a été expressément averti, d'ici, d'éviter avec soin le territoire d'Hanovre, et que je ne saurais concevoir par quel aveuglement ou par quelle fatalité il a pu négliger un avis qu'il aurait naturellement dû prendre de soi-même. Comme on l'a saisi à l'imprévu, il ne faut pas douter que l'on ne se soit emparé de tous ses papiers, et que les ennemis n'y trouvent non seulement des découvertes de la dernière importance, mais encore de quoi rendre l'Empereur et ses alliés de plus en plus odieux, dans l'Empire aussi bien qu'au dehors.

La chose mérite la dernière attention, et je présume que le ministère de Versailles songera sérieusement aux moyens de remédier au mal et d'en prévenir les suites. Vous ne laisserez pourtant pas de leur recommander fortement ce point, en les assurant qu'ils peuvent entièrement compter sur' moi et sur ma résolution constante et inébranlable de rester attaché à l'Empereur et la France et de faire tous les efforts qui dépendent de moi et que mes forces me permettent, pour l'avancement de la cause commune. J'espère d'ailleurs que l'on sera déjà revenu en France du soupçon comme si j'étais en chipotage avec la reine de Hongrie, puisque la conduite de la cour de Vienne envers moi, son acharnement à pousser les opérations de guerre contre mes États, nonobstant la rigueur de la saison, et le manifeste qu'elle a répandu partout pour annoncer son dessein de recouvrer la Silésie, ne sauraient plus laisser aucun doute sur ce chapitre.

Federic.

H. Comte de Podewils.

Nach dem Concept.