<31>Nous fait enfin périr par les illusions,
Je goûtais l'innocence et la douceur rustique,
Quand soudain de nos actions
L'indiscrète dépositaire,
Qui va de bouche en bouche, agile courrière,
Publier tous les faits et remplir l'univers
Des destins glorieux et des fameux revers,
La Renommée enfin, des hommes tant prisée,
Des héros, des savants et des rois courtisée,
M'apprit, en s'envolant, et traversant les airs,
Aux fastes du Portique, aux fastes du Lycée,
Votre gloire éternisée;
Qu'Apollon adoptait et Voltaire, et ses vers,
Voltaire, dont le nom est aimé de tout homme,
De Lisbonne à Pékin, de Pétersbourg à Rome,
Qui peignit d'un héros l'auguste humanité,
La fureur des ligueurs, le faux zèle agité,
Voltaire, qui sait joindre au brillant du génie
Les vastes profondeurs de la philosophie,
Lui, dont le souci généreux,
Par son travail industrieux,
Dérida les vertus et les rendit aimables,
Qui sut décréditer le fanatisme affreux
Et tous les vices punissables
Dont le venin caché rongeait les cœurs coupables
De tant de mortels malheureux.
Ainsi que le soleil, il répand sa lumière;
Dans les cieux des savants cet astre nous éclaire,
Et du monde ignorant il dessille les yeux.
Un de ses rayons lumineux
Me frappa, m'éblouit, me charma, me sut plaire;