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8° Si par des libéralités on peut mettre dans mes intérêts le ministère de Vienne, il verra par les ordres que j'ai donnés au sieur de Borcke en date du 7 de ce mois que je l'ai autorisé d'offrir jusqu'à 200,000 écus au grand-chancelier, comte de Sinzendorff, et 100,000 écus au secrétaire d'État du duc de Lorraine, le sieur Toussaint, et s'il en fallait encore gagner d'autres, le comte de Gotter n'a qu'à me le mander et attendre mes ordres là-dessus.

9° On lui parlera sans doute de la garantie que feu mon père a donnée, par le traité secret de 1728 et sa voix à la diète de l'Empire, de la Sanction Pragmatique. Mais il y répondra qu'on a fort mauvaise grâce de réclamer l'exécution des engagements d'un traité, et de ce qui en a été la suite,1 qu'on a violé de la plus mauvaise foi du monde de la part de la cour de Vienne. Qu'on doit se souvenir que par ce traité on avait promis à feu mon père la garantie de la succession du duché de Bergue, et que l'on a fait, il y a deux ans, d'une manière diamétralement opposée à la lettre de cet engagement solennel, une convention secrète avec la France, par laquelle on garantissait la possession provisionnelle de Juliers et de Bergue au prince de Sulzbach; que si l'on me poussait à bout, j'exposerais aux yeux de tout l'univers combien on a abusé indignement de la confiance de feu mon père, et de quelle ingratitude on a payé toute ma maison depuis 1679 et la paix de Nimègue jusqu'ici. Mais qu'il faut tirer un rideau sur le passé, et qu'il ne tient qu'à la cour de Vienne de m'avoir désormais pour son appui le plus ferme et le plus solide.

Si contre toute attente on refusait d'admettre le comte de Gotter à l'audience de la Reine, il doit faire tout au monde pour parler au moins au duc de Lorraine, et j'espère qu'on ne lui refusera pas une chose qu'on accorde en pleine guerre à un trompette ou à un simple porteur de lettres.

11° Le comte de Gotter se servira du chiffre du sieur de Borcke pour les choses secrètes, et il m'enverra des courriers et des estaffettes, toutes les fois qu'il le jugera nécessaire.

Au reste, en me référant aux instructions que je pourrais donner encore immédiatement soit de bouche ou par écrit au comte de Gotter, je me repose entièrement sur la droiture et sur le zèle qu'il a témoignés jusqu'ici pour mon service, et dont je me tiens assuré surtout pour l'importante négociation que je lui confie maintenant, et dont le succès lui servira d'un mérite auprès de moi que je ne manquerai pas de récompenser d'une manière proportionnée au grand service qu'il me rendra dans cette occasion.

Federic.

H. de Podewils.

Nach dem Concept.



1 Vergl. Preussische Staatsschriften I, 50, Anm. 1.