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6091. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A FONTAINEBLEAU.

Berlin, 6 novembre 1753.

J'ai bien reçu votre dépêche du 21 du mois dernier et vous renvoie à celle qui vous a été faite du département des ministres des affaires étrangères en date du 3 de ce mois pour vous communiquer l'avis que j'ai de Londres par un bon canal que le ministère anglais ne ferait jamais le traité de subsides aux conditions proposées par les ministres de Russie, et que tout ce que l'on avait promis au comte Colloredo,1 se bornait à un traité de subsides simplement défensif, moyennant lequel la Russie entretiendrait en Livonie 60,000 hommes pour la défense du roi d'Angleterre et de ses alliés, et qu'en cas de besoin on augmenterait raisonnablement le subside de 70,000 livres sterling par année de quelque chose de plus, mais point jusques aux sommes demandées par les ministres russiens; et qu'au surplus autant le roi d'Angleterre que son ministère, en attendant la signature de ce traité, s'en nattaient de grands avantages qu'ils en retireraient tant à mon égard, qu'on croit brider par là, que par rapport à l'élection d'un roi des Romains, que l'on se proposait de brusquer par la majorité des voix, dès que le traité dont il s'agit, serait conclu.

Mon intention est donc que vous communiquerez tout ceci encore à M. de Saint-Contest, en continuant de lui faire les réflexions que je vous ai suppéditées par ma dépêche antérieure à celle-ci, pour lui faire convenir de la nécessité absolue qu'il y a que la France parle à temps encore d'un ton sérieux au ministre d'Angleterre à Paris, pour prévenir toutes les suites fâcheuses qui en résulteront, si l'on veut regarder avec indifférence toutes les menées de l'Angleterre et des deux cours impériales.

Quant aux affaires du Palatin,2 je veux bien que vous disiez à M. de Saint-Contest que, pour prévenir les ministres anglais à ce qu'ils se sauraient brusquer l'élection d'un roi des Romains par la majorité des voix, selon le dessein qu'ils en ont conçu, il conviendrait, selon mon idée, qu'on passât de bonne grâce ce que l'on ne saurait empêcher, afin de ne pas donner lieu aux suites qui apparemment en arriveraient. Au reste, je serai bien aise que vous ne me marquiez plus, dans les dépêches que vous m'adresserez immédiatement, tout le petit détail par rapport aux affaires du Palatin, vu qu'il suffit que vous y entreriez dans celles que vous adresserez au département des affaires étrangères, à moins qu'il s'agisse de quelque chose qui saurait avoir rapport à une élection brusquée, auquel cas vous m'en ferez aussi votre rapport immédiatement.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Vergl. S. 140.

2 Vergl. S. 38. 119.