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10861. AU GÉNÉRAL DE L'INFANTERIE BARON DE LA MOTTE-FOUQUÉ.

[Bolkenhain,] 10 [avril 1759].

Je vous envoie, mon cher, 16 canons, 8 pontons, 4 bataillons et 4 régiments de cavalerie. Tout cela sera le 13 à Neisse et le 15 au plus tard chez vous. J'ai donné ordre à Treskow1 de vous fournir 6 obus et, si vous le voulez, quelques mortiers.

Je conçois comme vous toutes les difficultés que vous rencontrerez dans votre chemin.2 Les hasards décideront de l'exécution; mais je suis forcé par les conjonctures de me prêter à bien des choses qui, dans d'autres temps, me répugneraient beaucoup. Il faut essayer l'affaire: si elle ne réussit qu'en partie, ce sera toujours un avantage qui les3 dérangera; si cela réussit tout-à-fait, ce sera admirable. Je ne me flatte de rien, et j'attends tranquillement ce que le hasard décidera de l'entreprise, sûr que vous ne négligerez rien, et que ce ne sera pas votre faute, si cela ne réussit pas.

Grant et Biilow vont avec ce corps. Vous aurez soin d'attirer à vous le régiment de Bornstedt et de Mosel.

Je vous dirai que, si vous êtes heureux, que je vous redemanderai, immédiatement après l'expédition finie, la cavalerie, les 4 bataillons de Biilow et 6 canons; qu'alors je me propose de tenter ici la même entreprise sur Nachod et Braunau, pour délivrer toutes les frontières de Silésie de corps si fort à portée d'entreprendre; de sorte que, si tout cela réussit, je pourrai me tourner avec mon armée sans crainte, soit contre les Russes, soit contre Leopoldus.

Vous comprenez donc que ce m'est une nécessité de prendre ces partis hasardeux, sans quoi je succombe et suis ruiné avant la motié de la campagne.

Adieu, mon cher ami, je vous souhaite mille bonheurs; je vous embrasse et suis tout à vous

Federic.

Daun veut agir au commencement de mai; il nous reste 20 jours. Si nous les employons bien, toute la frontière sera nettoyée.

Nach der Ausfertigung im Kaiserl. Königl. Kriegsarchiv zu Wien. Eigenhändig.



1 Unter den neuerdings an das Kriegsarchiv des Grossen Generalstabs zu Berlin abgelieferten Ausfertigungen der Cabinetsordres an den Commandanten von Neisse, General lieutenant von Treskow, findet sich anch der oben erwähnte Befehl. Die Cabinetsordres an Treskow sind an ihrem früheren Aufbewahrungsorte, vermuthlich durch Feuchtigkeit, stark beschädigt worden, bei den meisten ist die linke Seite vollständig abgefressen; so ist auch in obiger Ordre die Datirungszeile vernichtet. Ein eigenhändiger Zusatz des Königs zu der Ordre lautet (mit Ergänzung der fortgefressenen Zeilenanfänge): „[Wann] Fouqué auch Mortiers haben [will, sofjche müssen auch mitgeschaffet [werden]; 6 Haubitzen müssen aber [noch] mit Bülowen mitgehen können.“

2 Vergl. S. 159.

3 Nämlich: nos ennemis.