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11248. AU FELD-MARÉCHAL PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK.

Au camp de Schmottseifen, 20 juillet 1759.

La lettre de Votre Altesse du 14 de ce mois1 vient de m'être rendue, et je vous avoue qu'il m'est impossible d'approuver votre retraite. Vous allez perdre vos magasins de gaieté de cœur et avec une armée plus nombreuse et plus belle que le duc de Cumberland avait. Il semble que vous ayez pris à tâche d'imiter toutes ses mauvaises manœuvres. Pour moi, je compte déjà Hameln perdu, et je vous compte en huit jours à Stade. Voilà ce que c'est que de n'avoir pas combattu de l'autre côté du Weser, où vous auriez pu le faire selon votre choix.2 A présent, l'ennemi vous forcera de combattre, quand vous aurez été obligé de faire beaucoup de détachements, et quand cela vous conviendra le moins.

Tout ce que je puis vous marquer d'ici, c'est que jusqu'ici j'ai contenu l'ennemi, quoique inférieur de la moitié, et je l'ai empêché de faire aucun pas en avant. Quant à l'armée de Dohna, elle a été obligée de se rapprocher de Meseritz, faute de pain. Les Russes veulent passer l'Oder, et elle leur en disputera le passage. Voilà tout ce que je puis vous mander de notre situation.

Tout ce qui me paraît de votre situation, c'est que les Français ne vous feraient pas grand mal, si ce n'était pas vous-même qui vous battez, et cela, parceque vous vous imaginez, depuis la bataille de Bergen, que les Français sont devenus invincibles. Il serait à souhaiter pour le bien des affaires publiques que vous voulussiez bien vous ressouvenir de nos campagnes de 57 et de 58, et que vous prissiez la même façon de penser et d'agir que vous aviez alors. Songez donc qu'avec une poignée de troupes battues vous avez fait alors de grandes choses, et qu'à présent, avec une armée florissante et nombreuse, vous la menez de façon qu'il est impossible à des gens du métier de l'approuver.

Au reste, j'approuve fort la déclaration que vous avez faite au maréchal de Contades sur l'échange des dragons de Finckenstein.3

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Kônigl. Grossen Generalstabs zu Berlin.



1 Prinz Ferdinand meldete, Stolzenau 14. Juli, es sei am 9. die Stadt Minden von den Franzosen erobert worden; er habe sich darauf nach Stolzenau an der Weser zurückgezogen. Der Herzog von Broglie habe gestern bei Minden die Weser überschritten: er marschire, wenn die Meldungen richtig seien, gegen Hameln. Der Mar quis d'Armentières habe seit einigen Tagen die Stadt Münster angegriffen; es sei zu besorgen, dass er nach Einnahme dieser Stadt auf Bremen marschiren und des Prinzen rechte Flanke bedrohen werde.

2 Vergl. S. 395.

3 Die Franzosen hatten gefangene preussische Dragoner vom Regiment Finckenstein nicht auswechseln wollen, bevor nicht der König die französischen Gefangenen auswechseln lasse (vergl. S. 92. 93. 110. 368). Der Prinz hatte darauf dem Marschall Contades erklärt, „que je ne pouvais pas admettre cette différence ou exception des troupes prussiennes du reste de l'armée alliée; que, si elle pouvait être juste, je serais autorisé, de mon côté, de ne pas rendre les prisonniers faits par ces troupes prussiennes; qu'ainsi il fallait échanger sans exception ou y renoncer tout-à-fait.“