<180> qu'ils se verront obligés de mettre en exécution vos ordres sans contradiction et sans lenteur, au lieu que le reproche de la mauvaise situation présente des affaires dans vos contrées saurait retomber sur vous en Angleterre, si, par trop de ménagement, vous aurez hésité d'en donner là des informations nettes et sincères. Je considère ici l'importance des choses telles qu'elles sont effectivement, et quand j'y fais mes réflexions, il me paraît que vous ne devez rencontrer aucun obstacle à vos projets bons et salutaires, que vous ne deviez tâcher de mettre à côté avec toute la vigueur et toute la fermeté possible, afin de rendre praticables vos projets; à quoi peut-être contribuerait beaucoup, quand vous déclarerez nettement aux ministres de Hanovre que, s'ils ne vous assistaient sur ces articles avec toute la promptitude requise et sans languir, pendant cet hiver-ci, ils devaient absolument s'attendre de voir, le printemps qui vient, l'armée française auprès de Hanovre et de Hameln, et de vous voir nécessité de repasser le Weser avec les troupes.

Pour mon particulier et mon personnel, je saurais tranquillement voir ici tout ce mauvais train des affaires là-bas : ce qui m'afflige et m'inquiète, ce sont les égards que j'ai pour vous et pour les intérêts de la cause commune. Il y a longtemps que vous me marquiez positivement que vous commenceriez vos opérations le 15 du mois de novembre. Voilà six semaines passées et au delà, et tout est dans le même état d'incertitude encore, et si, dans une si importante occasion que celle-ci, vous ne vous servirez de toute votre autorité dont vous êtes muni, ni emploierez pas de la rigueur contre ceux qui négligent leur devoir, pour mettre peut-être par un sordide intérêt des obstacles infinis à vos ordres, vous risquerez qu'à [la] fin tout votre plan échouera, au grand détriment de la couronne de la Grande-Bretagne et de toute la cause commune.

Ce que je vous prie, d'ailleurs, cher Prince, c'est de ne pas vous alarmer ni inquiéter d'abord, quand vous lirez cette lettre, mais de vous donner le temps pour la lire deux fois avec attention, et je suis persuadé alors de votre pénétration et de vos sentiments justes que vous serez d'accord de toutes les raisons et des circonstances que j'ai alléguées, et que vous y reconnaîtrez les sentiments d'un bon et véritable ami, tel que je le suis de vous, qui prend infiniment à cœur tout ce qui peut intéresser votre dignité et votre personnel. Je ne saurais même vous être contraire, supposé que vous le jugiez convenable, que vous communiquiez ma lettre au roi ou aux ministres d'Angleterre, étant persuadé que tout le monde impartial tombera d'accord des sentiments et des raisons que j'y ai employés, et que je n'ai en vue sur tout ceci que le vrai bien de la cause commune, tout comme le vôtre.

Federic.

Nach der Ausfertigung im Kriegsarchiv des Königl. Grossen Generalstabs zu Berlin.