<306>fable du chien d'Ésope. Je compte par plus d'une raison qu'on ne prendra la garnison autrichienne1 que comme prisonnière de guerre.

Sur ce qui est du capitaine d'Angerville, je veux bien l'agréer dans mon service, aux conditions qu'il désire, ainsi que vous n'avez qu'à me l'envoyer. Quant au marquis d'Hérouville, je crains qu'il n'arrive trop tard, les opérations de la campagne de cette année tirant à leur fin; mais je suis bien content qu'il vienne vers la campagne future.

Au reste, je vous recommande encore de cultiver soigneusement l'amitié de tous les ministres français qui vous peuvent être utiles, sans pourtant vous mêler des intrigues du cabinet; ce que je vous défends absolument. H faut que je vous dise encore que je ne suis pas content de la manière dont vos lettres sont chiffrées, et de ce qu'il y a dans vos chiffres des mots seuls chiffrés, parcequ'on les peut aisément deviner; ainsi, vous devez ou mettre les passages de conséquence tout en chiffre, ou ne rien chiffrer du tout. Sur ce, je prie Dieu etc.

F.

Nach der Ausfertigung.


1614. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A MOSCOU.

Camp de Konopischt, 20 octobre 1744.

Vos relations des 14, 17 et 21 de septembre m'ont été bien rendues. Je serais charmé, si vous pouviez vous aviser de moyens pour attirer le comte de Bestushew dans mon parti; et, s'il n'y a pas d'obstacle pour parvenir à ce but que l'étroite union qui subsiste présentement entre moi et la France, vous pourriez dire confidemment et avec toute la prudence requise audit ministre que tout ce que je venais de faire, n'était pas tant pour l'amour de la France, mais plutôt pour tirer l'Empereur de ses détresses, de le mettre hors du jeu et de rétablir le calme et la paix dans l'Empire. Que je ne me mêle point des affaires de la France, et que, si le Grand-Chancelier y contribuait, je serais prêt de m'entendre avec lui là-dessus pour y travailler efficacement. Que les vastes vues de la cour de Vienne sont l'unique raison pourquoi j'ai fait ce coup d'éclat, puisque la cour de Vienne a eu non seulement le dessein d'opprimer tout à fait l'Empereur, mais d'incorporer même à ses États héréditaires la Bavière, en jetant l'Empereur hors de l'Empire, en lui assignant ou les provinces qu'on avait envie de conquérir sur la France, ou le royaume de Naples. Que pour obvier à des desseins si pernicieux et dangereux à toute l'Europe, je me suis vu forcé de me lier avec la France, quoiqu'uniquement dans le but de soutenir l'Empereur et la liberté de l'Empire. Que j'ai trop bonne opinion de lui, Bestuhew, qu'il ne dût goûter mes raisons, et que, s'il voulait disposer sa souveraine à s'entendre avec moi, je suis prêt de la convaincre alors de la sincérité



1 In Freiburg.