1786. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANGE, A BERLIN.

[Neisse, 9 avril 1745.]

Monsieur. Je suis fâché de voir que vous et votre cour vous êtes fols des Saxons; après tout le mal que ces gens ont voulu me faire, et celui qu'ils méditent actuellement, je ne puis leur faire d'autres avances que celles que vous leur avez faites. Je m'étonne que vous soyez la dupe de gens qui ne pensent qu'à vous tromper. Je fais ici toutes les dispositions qui dépendent de moi, pour parer les coups qu'ils veulent me porter.

Le mémoire que vous m'avez envoyé en réponse des considérations que j'ai données au chevalier Courten,115-3 est peu exact, car les Saxons ont augmenté le corps auxiliaire des Autrichiens de 10,000 hommes; d'ailleurs, du côté de Ratibor, nous avons 20,000 hongrois insurgents etc. sur les bras. Je ne sais pourquoi votre cour aime toujours à se décharger des opérations sur ses auxiliaires; mais si vous ne pensez pas dans ce moment à la Bavière, vous me mettez dans un grand embarras; car que me fait l'expédition de Flandre? C'est un objet pour le roi de France, mais, pour le roi de Prusse, cela ne lui fait rien. Vous voulez que j'agisse offensivement devant une armée aussi forte que la mienne, après 20,000 hommes que je détache pour couvrir la Haute-Silésie, et ce qui garnit mes forteresses. Tout vous paraît facile pour vos alliés, et tout difficile pour vous. Le prince Guillaume, effrayé de exemple de ce qui est arrivé au défunt Empereur et au Palatin, votre allié, est en suspens ; je ne le trouve pas étrange et je pense aux moyens<116> de l'assurer. Mais votre prédilection pour les Saxons me parait incompréhensible; vous êtes aveuglé, et rien ne peut vous rendre l'usage, de la lumière; enfin, je ne vous connais plus. Lisez les relations de M. de Saint-Séverin, et si elles ne vous servent pas d'ellébore, je vous déclare incurables. C'est à celui qui offense à se réconcilier avec l'offensé, mais point à celui qui a raison de se plaindre, à rechercher son ennemi. Adieu, mon bon Valory, faites vous saigner trois fois par jour, buvez beaucoup d'eau et prenez encore plus de poudres blanches, pour vous guérir de la fièvre chaude que vous avez assurément. Je suis etc.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept. Das Datum aus dem Abdruck der Ausfertigung in den Mémoires des négociations du marquis de Yalory II, 271, wo 1743 in 1745 zu verbessern ist.



115-3 Nr. 1738.