<302> degré. Ce qui m'intéresse le plus dans votre voyage, c'est votre santé. Je souhaite de tout mon cœur que les fatigues ne lui soient pas nuisibles, et que vous reveniez dans votre patrie avec un corps, sinon robuste, du moins sain. Je vous demande bien pardon si, pour cette fois, je ne vous en dis pas davantage; mais il faut partir. Je vous embrasse de tout mon cœur, ma très-chère sœur, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, etc.

297. A LA MÊME.

Potsdam, 28 juin 1755.



Ma très-chère sœur,

J'ai eu le plaisir de recevoir de vous une lettre datée de Rome. Je suis charmé d'apprendre que votre santé est assez bonne pour fournir aux fatigues d'un long et pénible voyage. J'ai bien cru que les antiquités de Rome vous feraient plaisir : ces monuments des vainqueurs du monde semblent nous rapprocher de leur temps; il semble même que l'on participe à leur gloire et à leurs sentiments lorsqu'on se trouve sur les lieux qu'ils ont habités, et où ils ont fait de si grandes choses. Rome chrétienne vous fournit des preuves de ce que peut la superstition sur l'esprit des peuples; la basilique de Saint-Pierre est élevée par des indulgences, la plupart des palais des cardinaux népotes ont été construits des tributs que l'Europe ignorante payait au souverain pontife. Si la France, l'Allemagne, si l'Espagne, l'Angleterre, la Pologne revendiquaient les biens que leurs ancêtres ont envoyés là-bas, et qui servent à la somptuosité de cette capitale du monde chrétien, croyez, ma chère sœur, que le saint-père et le