<165> cours sont convenues de ne remettre les choses que jusqu'au printemps qui vient,1 et comme il me revient à présent de toute part que l'Impératrice rassemble ses forces principales en Bohême et Moravie, que les troupes campent à peu de distance de mes frontières, qu'on fait des magasins et amas considérables de munitions de guerre et de bouche, que l'on tire des cordons de hussards et de croates le long de mes frontières,2 comme si nous étions en pleine guerre, je me crois en droit d'exiger de l'Impératrice une déclaration formelle et catégorique, consistant dans une assurance verbale ou par écrit, qu'elle n'a aucune intention de m'attaquer, ni cette année-ci, ni l'année qui vient; soit que cette déclaration se fasse par écrit, ou verbalement en présence des ministres de France et d'Angleterre, cela m'est égal et dépend du bon plaisir de l'Impératrice …: il faut savoir si nous sommes en guerre ou en paix, j'en rends l'Impératrice arbitre. Si ses intentions sont pures, voici le moment de les mettre au jour; mais si on me donne une réponse en style d'oracle, incertaine ou non concluante, l'Impératrice aura à se reprocher toutes les suites qu'attirera la façon tacite dont elle me confirmera par là les projets dangereux qu'elle a formés avec la Russie contre moi, et j'atteste le Ciel que je suis innocent des malheurs qui s'ensuivront.

Federic.

En chiffre.

Dès que l'audience sera finie, vous dépêcherez incessamment le courrier avec la réponse, vous en donnerez copie au ministre d'Angleterre, et comme vous serez en état de juger quelle tournure cette affaire prendra, je dois vous avertir que, si on ne me parle pas plus clair que cette fois-ci, je n'ai de ressource que dans la guerre, et vous recevrez ordre de vous retirer, sans prendre congé. Cela pourra se faire le 23 ou le 24 de ce mois. Je dois vous prévenir sur ce que le maréchal Schwerin sera à Neisse;3 vous l'avertirez par le même courrier que vous m'enverrez, si c'est paix ou guerre, afin qu'il prenne là bas les mesures convenables. La grande affaire est de m'avertir promptement. Il faut donc nécessairement que j'aie le 15 de ce mois un courrier; quand même ce ne serait pas la réponse, il pourra toutefois me mettre au fait de ce que vous conjecturez là-dessus.

Fr.

Nach dem eigenhändigen Concept; mit der Weisung „Dépêche au sieur Klînggræffen“ .


7796. AU FELD-MARÉCHAL COMTE DE SCHWERIN A POTSDAM.

Potsdam, 2 août 1756.

Monsieur le Maréchal. Je vous confie le commandement de mon armée de Silésie, les ordres en conséquence viennent d'être expédiés



1 Vergl. S. 114. 115. 122. 151.

2 Vergl. S. 81. 110. 111. 113. 161.

3 Vergl. Nr. 7796.